Aborder le sujet des transports reste un exercice périlleux tant les passions sont fortes et les intérêts divergents. On a vite fait de vous envoyer à la figure les Droits de l’Homme comme argument, cette sacro-sainte liberté de circuler, de se déplacer comme on le veut avec le moyen de son choix, droit inaliénable évidemment ! Peut être pourrions nous nous mettre d’accord sur un certain nombre de points et ainsi dépassionner le débat, ce qui ne peut le rendre que plus constructif. On peut rêver. J’aborderais donc l’étude des propositions faites par les 4 grands partis suivant deux axes :
- l’utilisation des véhicules automobiles,
- les transports en commun.
L’utilisation des voitures, ou disons des véhicules automobiles pour être plus général, pour les déplacements dans Paris est le sujet polémique par excellence. Que nous disent les candidats sur le sujet ?
Françoise de Panafieu pour l’UMP prône la liberté de choix dans le mode de transport. S’appuyant sur l’incontestable nécessité qu’ont les médecins, les infirmiers, les artisans, les commerçants, …. d’utiliser un véhicule pour leur activité, la candidate souhaite améliorer la fluidité de la circulation sans préciser comment, augmenter la capacité de stationnement par la création de 20 nouveaux parkings, offrir un service de voitures (2500) en libre service.
Marielle de Sarnez pour le MoDem ne parle guère des véhicules personnels sauf pour faciliter leur stationnement, limiter le nombre de camions dans Paris et développer les modes transport non polluants (voitures électriques ou hybrides).
Bertrand Delanoë pour le PS propose la mise à disposition de voitures propres (2000) en libre service, encourage l’achat de véhicules électriques par la mise à disposition de 300 bornes de recharge gratuite, le développement du stationnement résidentiel et celui de parkings relais, la création d’espaces logistiques pour des livraisons moins polluantes.
Denis Baupin pour Les Verts est à l’évidence plus radical puisqu’il veut dissuader la circulation des véhicules polluants, interdire la circulation sur certains axes après restructuration, interdire toute circulation le dimanche dans les arrondissements centraux – à noter que cette proposition qui semble extrême a été appliquée avec beaucoup de succès, semble t-il, dans de grandes villes en Allemagne.
La lecture des propositions concernant les véhicules automobiles montre clairement la limite de la démarche. On peut inciter certaines choses, dissuader pour d’autres, mais on voit bien qu’en la matière la décision finale reste individuelle.
La question des transports en commun et de leur nécessaire développement, amélioration, est très largement traitée par tous les candidats. Le tramway, le métro, les taxis, les navettes fluviales, les bus, tout y passe. Il est vrai que depuis la réorganisation du STIF, la Ville de Paris a un réel pouvoir en la matière. Pointons donc les particularités puisqu’une espèce de consensus se fait sur la nécessité de développement des transports en commun.
Françoise de Panafieu veut mettre l’accent sur le métro par trop délaissé selon elle au cours de l’actuelle mandature. Elle veut aussi mettre en place un service garanti de bus concernant essentiellement la régularité des passages.
Marielle de Sarnez parle de la mise en chantier d’une ligne de métro reliant les gares parisiennes, la mise à l’étude et le lancement de lignes hybrides TRAMBUS Est-Ouest et Nord-Sud.
Bertrand Delanoë souhaite continuer la mise en place du projet Mobilien, la mise en place de navettes de quartier, est prêt à financer la rocade métro.
Denis Baupin pense lui à un tramway des gares, à une rocade reliant métro et RER.
Inutile de dire que toutes les propositions s’accompagnent de réaménagements de l’espace public afin d’optimiser les transports, que ce soit la création de pistes cyclables, l’aménagement de la voirie, la possibilité de circuler dans les couloirs de bus pour les véhicules propres, etc. etc. … A noter qu’aucun candidat ne parle de la gratuité des transports en commun ni de l’extension des horaires du service - le métro 24h/24 par exemple - comme dans certaines autres métropoles.
Bizarrement, les transports font l’objet d’un large consensus – nécessité de les développer, d’en améliorer la qualité et de limiter au maximum leur impact sur l’environnement – mais aussi du débat le plus animé avec le logement. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, il est clair que quoiqu’il arrive, c’est au niveau de la région que cela va se jouer et que le paramètre « environnement » sera prépondérant.
Commentaires
@Didier
votre conclusion « [c’est au niveau de la région que cela va se jouer et que le paramètre « environnement » sera prépondérant] », résume parfaitement la problématique posée par les « déplacements » ou plus généralement la « mobilité ».
Quelques chiffres (source Ville de Paris), fin 2006, il y avait 35 millions de déplacements quotidiens en IDF. 23,7 millions concernent les déplacements banlieue /banlieue et 11,3 millions des déplacements intra , en transit et vers Paris
Déplacements Paris/Paris : 6,5 millions dont 29% en transport en commun ; 14% en V. individuels motorisés ; 56% à vélo, marche autres..
Déplacements Banlieue /Paris : 4 millions dont 59 % en transport en commun ; 39% en V. individuels motorisés ; 2% vélo, marche autres..
Déplacements en transit (bld périphérique compris) 0,8 million dont 45 % en transport en commun ; 55% en V. individuels motorisés.
Concernant la distance domicile /travail selon le CERTU, (département Mobilité, groupe d’observation de la mobilité) de décembre 2001 : « les actifs ne travaillant pas dans leur commune de résidence se rendent dans une commune située en moyenne à 15 kilomètres à vol d'oiseau de leur domicile ».
En petite couronne : 28,2% ne possédait pas de voiture, 51% possédait 1 voiture et 18% possédait 2 voitures.
En grande couronne : 14,7 % ne possédait pas de voiture, 46% possédait 1 voiture et 32,5% possédait 2 voitures.
Ces chiffres montrent le rôle dominant de la voiture en petite et grande couronne elle assure environ 76% des déplacements
Compte tenu des chiffres précédents (importance des déplacements banlieue/Paris), on mesure parfaitement que la question des « déplacements » ne peut trouver réponse en raisonnant uniquement dans un périmètre restreint.
La diminution de l’usage de la voiture et notamment pour les déplacements banlieue/Paris et banlieue /banlieue doit s’accompagner d’un offre plus importante de transports collectifs.
Que peut faire la Ville de Paris ? Le financement des transports collectifs est du seul ressort du STIF (Syndicat des Transports d'Ile-de-France).
Depuis juillet 2005, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF) est aux mains des élus franciliens et JP Huchon est le patron du STIF et de la région.
Le STIF comprend de nombreuses commissions:
- commission de l'offre de transport, le conseil de Paris est représenté par D. Bariani et D. Baupin
- commission qualité de service et plan de déplacements urbain le conseil de Paris est représenté par J. Vuillermoz et D. Baupin
Quels sont les financeurs du STIF (source STIF) ? En 2000: voyageurs : 2250 millions € ; employeurs : 2040 M€ ; concours public (hors état) : 1530 M€ ; emprunt 390M€ soit un total de 6 210 M€.
En 2003, Paris dans le domaine des transports, a versé au STIF le montant de 205,4 M€ soit 95, 4€/habitant
Quelles sont les améliorations à prévoir pour les déplacements à Paris ?
Un sondage de ce jour dans 20 minutes auprès de 293 personnes représentatives etc… les 3 priorités pour améliorer les déplacements sont : renforcer et prolonger les lignes de métro existantes ; création d’une ligne de métro autour de Paris (métrophérique ndlr) ; renforcer l’offre de bus.
Un PDP (Plan de Déplacements Paris) et un PDUIF (Plan de Déplacements Urbains d’Ile-de-France) un plan de trop ?
Le 15 décembre 2000 le PDUIF a été approuvé (arrêté inter préfectoral)
Fin 2005, le bilan du PDUIF devait avoir lieu. Hélas, la responsabilité de l’élaboration et l’évaluation du PDUIF ont été transférées au STIF, le Conseil Régional ayant la prérogative de son approbation, après une éventuelle mise en révision. Finalement, le PDUIF devait être mis en révision à l’automne 2007.
Le PDP (Paris) a donc pris de vitesse le PDUIF. Or, nous constatons que les 2 plans ne convergent pas.
Cet exemple illustre l’extrême complexité pour mettre en œuvre un plan de déplacements cohérent pour la zone dense. Cette cacophonie est la conséquence du morcellement des pouvoirs en IDF, malgré des majorités identiques au sein de la région, du STIF et de Paris. Imaginons l’inverse pour demain !
Nota : désolé pour l’abondance de chiffres, mais ils sont indispensables pour comprendre les différentes problématiques et où se situent le pouvoir décisionnaire (Paris ne peut pas tout) et les blocages
Un livre d'un spécialiste vaut mieux que de longs commentaires...
Pour illustrer le thème "les déplacements", Guy Burgel ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, agrégé de géographie, professeur à Paris X dans son dernier livre « Paris meurt-il » fait « le point sur les problèmes de la réorganisation de la circulation de la ville de Paris et des propositions pour relever le défi futur du Grand Paris. »
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