Flora Tristan et les femmes de son temps
7 avril 1803-14 novembre 1844
par Bernard Vassor
"L'homme le plus opprimé peut opprimer un être qui est sa femme. Elle est la prolétaire du prolétaire même".
Flora Tristan « L’Union Ouvrière »
Comment résumer en quelques lignes la vie "ardente et trépidante" d'une femme qui a lutté jusqu'à l'épuisement pour établir une justice sociale dans la première moitié du XIX° siècle ? Le titre de son premier ouvrage en 1836 : "Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères" suffit à démontrer la modernité du combat de celle qui fut aussi une grande voyageuse.
Ses pétitions, adressées aux députés pour obtenir l'abolition de la peine de mort, attendront un siècle et demi pour aboutir en France. La mesure, en revanche, n'est toujours pas appliquée dans le nouveau monde.
Le code Napoléon avait réduit la femme à l'état d'infériorité et d'assujettissement. Flora s'engagea avec "ses soeurs" saint-simoniennes dans le combat pour le rétablissement du divorce et le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes. Véritable créatrice du syndicalisme, elle fonda "L'Union Ouvrière » avec un but très clair : organiser les travailleurs, exiger le droit au travail, veiller à l'éducation des enfants et verser une pension aux ouvriers âgés. Avec elle il faut citer et remettre en mémoire celles qui furent les pionnières du mouvement féministe et qui luttèrent parfois jusqu'à la mort pour voir la réalisation de leur combat. A "La Tribune des femmes" premier journal féminin militant, au 27 rue Laffitte en 1832, on pouvait rencontrer aux réunions du jeudi, Claire Demar et Marie-Reine Guindorf qui ont connu une fin tragique, Suzanne Voilquin "Fille du Peuple", Jeanne Deroin, Claire Bazard, Désirée Véret (Desirée Gay) et Eugénie Niboyet qui organisa à Lyon en 1832 la première organisation féminine "Pour la Paix dans le monde" (l’ancêtre de Simone Landry).
Les principaux journaux dirigés en majorité par des ouvrières s'intitulaient : La Femme Libre, La Femme Nouvelle, L'Apostolat des Femmes, La Tribune des Femmes, La Voix des Femmes.
Flora Tristan est morte d'épuisement à Bordeaux, seule ville en France qui l'honore chaque année le 14 novembre jour de sa mort. La maison du Pérou et L'institut d'Histoire sociale d'Aquitaine organisent une manifestation commune au cimetière de la Chartreuse.
Aux sources de cet article :
Dominique Desanti première biographe de Flora et Evelyne Bloch-Dano la dernière en date avec "La femme messie", Stéphane Michaud organisateur depuis plus de 20 ans de colloques réunions et tables rondes consacrés à notre héroïne. Pour le bicentenaire de sa naissance, j'avais organisé une série de manifestations en liaison avec le service culturel de l'Ambassade du Pérou dirigé par une femme admirable: Madame Carolina Belaundé et par l'ambassadeur du Pérou Monsieur Javier Perez de Cuellar ancien secrétaire général des Nations unies.
Nadia Prete déléguée culturelle à la Mairie du IX° a conduit et soutenu très efficacement ces réunions.
Dans le monde entier, des associations Flora Tristan ont été crées pour venir en aide aux femmes battues. Célébrée par André Breton qui possédait une partie de sa correspondance mise en vente lors de la dispersion du « Musée Breton » au 42 rue Fontaine.
Commentaires
Pour sûr, c'te sacrée bonne femme mériterait plus reconnue. Vous ne dites pas dans votre article qu'elle était la grand-mère de Gauguin.
J'aimerai en savoir un petit peu plus, pouvez-vous donner les références des livres à consulter ?
Vous avez entièrement raison, Paul Gauguin est le fils d'Aline Gauguin, fille de Flora Tristan. Aline était modiste rue de la Chaussée d'Antin et vivait avec son mari 54 rue Notre Dame de Lorette (56)où est né Paul le 7 juin 1848.
Son père Clovis Gauguin était rédacteur au journal "Le National"rue Lepelletier. Leur voisin de palier (rue N.Dde.L.)était le Maire de Paris Armand Marrast.
Vous pouvez consulter les ouvrages suivants :
Dominique Desanti, "Flora Tristan", éditions Hachette Paris 1972.
Evelyne Bloch-Dano, "Flora Tristan La Femme Messie", Grasset 2001
Stéphane Michaud correspondance, "La Paria et son rève" Presse Sorbonne Nouvelle" Paris 2003.
On me signale une nouvelle édition de poche aux éditions Payot que je ne connais pas encore.
Bonnes lectures...
merci d'avoir répondu aussi rapidement, je trouve ce Blog très sympa.
je vais essayer de trouver les livres que vous me conseillez.