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  • Deux heures de conversation à bâtons rompus avec le commissaire Clouzeau

    En réponse au vœu de Myriam El Khomri présenté en Conseil de Paris en mars, une réunion avait eu lieu à la mairie du 18e, un cercle de réflexion restreint aux élus et à la Préfecture de police. C’est le commissaire Clouzeau qui au cours d’une conversation téléphonique nous en avait dit deux mots. Comme nous venons de le dire, les associations n’y étaient pas conviées car le sujet traité dépassait le carrefour Barbès. En effet, la presse s’en fait l’écho de loin en loin : le phénomène des occupations illicites de l’espace public n’est pas réservé à notre quartier.  Le mail Binet, la porte Montmartre, les abords des Puces de Saint-Ouen, et plus à l’Est, Belleville, connaissent bien ces problèmes.

    Toutefois, souvent interpellés par nos adhérents sur la dégradation de l’environnement autour de la station Barbès-Rochechouart, nous souhaitions échanger sur le sujet avec le commissaire principal du 18e arrondissement. Un premier entretien en février avec le commissaire central du 10e, Gilbert Grinstein, avait confirmé que les aléas de Barbès relevaient bien du 18e. Le commissaire Clouzeau nous a donc reçus le 4 avril dernier dans son commissariat avec chaleur et une grande ouverture d’esprit, même si, au retour, en plus de nos problèmes de riverains et d’associatifs, nous sommes ressortis avec les soucis d’un responsable policier, à nos yeux bien démuni au regard de l’ampleur de la problématique. Même dans un périmètre de sécurité renforcée, comme l’est Barbès, la situation n’est pas simple. Nous avons attendu avant de vous relater notre rencontre de voir sur le terrain les effets des résolutions prises par les autorités.

    La situation en quelques phrases

    Conséquemment à la réduction du nombre des fonctionnaires, des problèmes de moyens mais pas seulement.
    Des réponses juridiques et répressives pas en phase avec le nombre d’interpellations policières.
    Des vendeurs à la sauvette ou petits délinquants pas solvables.
    Une grande solidarité entre « détaillants » de la vente de cigarettes de contrefaçon et reflux vers le boulevard Barbès.
    Segmentation du marché et des approvisionnements de cigarettes efficace malgré le travail des Douanes.
    Des vides juridiques : interdiction de travail mais pas de prise en charge pour survivre sur le territoire français.
    Des renforts de CRS retirés pour cause de surveillance des lieux sensibles après l’affaire de Toulouse.
    Des accords de non expulsion vers certains pays actuellement troublés.
    Des soupçons sérieux de revente de denrées issues des colis des associations caritatives ou banques alimentaires (Restau du Cœur, par exemple).
    Des missions décourageantes pour les policiers sur le terrain et des actions peu valorisantes au jour le jour.
    Pas d’amélioration visible sur site alors que le nombre des procédures simplifiées explose.
    Un jeu d’occupation de l’espace entre sauvette et policiers qui n’en finit pas… 

    Reste le démantèlement des réseaux, quand réseau il  y a, éventuellement sur la vente de cigarettes de contrefaçon.  Mais, nous dit le commissaire, il s’avère que les cartouches viennent aussi en grand nombre par colis  postaux, ou dans des coffres de voitures, par d’innombrables filières pas toujours de grande envergure. Les douanes suivent des pistes, qui parfois sont payantes, parfois seulement.

    Des informations sur l’organisation

    Le commissaire croit en sa brigade de cinq personnes, des aînés motivés, qui se consacrent à la vente à la sauvette, de façon volontaire. Ils opèrent régulièrement les mercredis et samedis sur le marché de La Chapelle. Ils n’y restent pas tout le temps du marché, car d’autres lieux requièrent aussi leur présence. Pour récupérer les denrées et autres objets en vente sauvage, un deuxième véhicule type estafette a été affecté. Il stationne souvent sur le barreau Patin.

    A ceux qui réclament une benne – mais est-ce une meilleure solution ? – il donne le coût assumé par la Ville de Paris : 100 000 € par an… On comprend les réticences en période de vaches maigres.

    Une idée plane dans l’air sur des modifications de l'ordonnancement du marché : élargir l’allée centrale et repousser les étals des marchands vers l’extérieur. Il se peut que cela se fasse, dit le commissaire, mais là aussi, cette disposition a un coût, celui du déplacement des douilles au sol qui permettent de fixer la structure des toiles au-dessus des stands.paris,barbès,marché,police,amendes,vente-sauvette,saisie,benne

    Une autre idée, rien qu’une projection pour l’instant, à laquelle réfléchissent les élus du 18e : implanter une vingtaine de commerçants sur le trottoir élargi qui longe la station côté 18e. Cela revient à occuper l’espace de façon rationnelle et licite. Le commissaire ne doute pas que les places soient rapidement louées, mais que faire des voitures de ces éventuels marchands ? Comment approvisionneront-ils leurs policevelo%5B3%5D.jpgstands ? Comme déjà dit, ce n’est là qu’un axe de réflexion, mais c’est aussi un indice qui montre que la problématique est au cœur des réflexions. Y compris au cœur des préoccupations actuelles de la police, qui a détaché depuis quelques jours une brigade d’agents à vélo qui perturbent l’installation des marchands à la sauvette pendant la durée du marché. Nous l’avons constaté de visu. L’estafette blanche est toujours stationnée devant la sortie Guy Patin du métro.

    Un souci taraude pourtant le commissaire : que faire si le marché illicite s'installait tous les jours de la semaine ? Les clients sont là. Certains viennent même de loin. Ses effectifs n’y résisteraient pas.