Pendant des mois, les forces de police du 18e ont mené des rondes, à pied ou à vélo, autour de la station Barbès, pour empêcher l'installation des marchés parallèles, qu'on ne peut pas vraiment appeler "marché aux puces" ou "marché des biffins". En effet, on y trouve toutes sortes de denrées, et toutes sortes de personnes, majoritairement précaires. Les rondes ne sont pas effectuées tout au long de la journée. Les marchands l'ont bien compris, et comme à Belleville, ils attendent le départ de la police pour s'installer. A la moindre alerte, ils s'éloignent pour revenir un peu plus tard. Ce ne sont pas les perspectives d'augmentation continue du chômage qui vont changer la donne rapidement et épuiser les réserves de vendeurs occasionnels qui viennent ici rencontrer un acheteur tout aussi occasionnel que les premiers.
Les abords du marché de La Chapelle et de la station de métro ne sont pas les seuls emplacements où se développe cette activité. Le Mail Binet, la porte Montmartre, le terre plein du boulevard de Belleville, les abords de la Porte de Montreuil, et d'autres sans doute que nous ne connaissons pas. Les lieux changent aussi en fonction de la pression exercée par les forces de police. Ici pas de mini Tours Eiffel ou de colifichets, importés en grande quantité dans des containers chinois, vendus par de pauvres bougres qui payent ainsi leur droit de passage - leur dette à un réseau mafieux - sans fin.... Non, une misère banale, des petits arrangements, de la débrouille ordinaire avant le grand cataclysme ou avant des jours meilleurs... Quand, au matin, on remarque des personnes fouillant dans nos poubelles d'immeuble, on peut raisonnablement penser que ce qu'elles trouvent sera revendu quelque part... Il semble que les denrées alimentaires ne soient plus aussi présentes que l'été dernier lorsque nous avions fait un premier article sur le sujet. Les banques alimentaires avaient été priées d'être plus vigilantes au niveau du stockage.
En y regardant de plus près et en oubliant le caractère non autorisé, non structuré de ces marchés, qu'est ce qui les différencie des vide greniers bobo qui fleurissent dans tous les arrondissements de Paris, dès les premiers beaux jours ?
L'article du Parisien du 11 juillet nous avait échappé et les informations que relatait Cécile Beaulieu aussi. Le phénomène est trop important, trop présent un peu partout pour qu'on ne le voit que sous la forme d'une entorse à l'ordre public. La création de nouveaux "carrés aux biffins" est-il une solution en attendant ? Des réseaux ne profitent-ils pas de la situation de pauvreté de certains vendeurs ? Beaucoup de questions, beaucoup de misère, peu de réponses satisfaisantes.
Commentaires
CE SOIR! Festival des Utopies Concrètes, soirée "avancées concrètes sur la récupération, le bricolage et l'artisanat", de 19h à 22h au Shakirail (72 rue Riquet 18è M° Marx Dormoy / la Chapelle) ce serait très enrichissant pour nous tous.
http://festivaldesutopiesconcretes.org/programme-work-in-progress/soiree-avancees-concretes-autour-de-la-recup-du-bricolage-et-de-lartisanat-0410-19h-paris-18e/
Intervenants :
- le collectif des biffins et l'Asso Amelior (association permettant et militant pour le retour aux droits des biffins)
- Olivier Bonjean auteur de "de l'or dans nos poubelles" (spécialiste de la récup-construction en France et au Brésil)
- la Débrouille Compagnie, artisans et promoteurs importateurs d'objets et techniques de récup
- l'Etablisienne, établi partagé, échanges de savoir, dépôt vente ...
- Curry Vavart, récup de locaux pour les artistes de la récup (récup du Shakirail notamment)
Programme :
- dans l'allée d'entrée à partir de 19h :
vente par 2-3 biffins
atelier par la Débrouille Compagnie
- dans la salle de spectacle :
19h - 20h : présentation des intervenants
20h - 22h : débat animé par Olivier Bonjean
Objectif : avancer concrètement entre acteurs & sympathisant