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Municipales 2008 : interview de Jacques Bravo

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Jacques Bravo à sa permancen de campagne

 

Paris Neuvième (PN) : je voudrais commencer par ce qui s’est passé dimanche dernier. Vous avez gagné 15 points entre 2001 (34% des voix)  et 2008 (49%), vous avez frôlé l’élection au premier tour, quelle analyse faites vous de ce résultat et du résultat de votre principale concurrente ?

Jacques Bravo (JB) : je m’attendais à un résultat positif en écho à tout ce que nous avons réalisé pendant la mandature, je savais que c’était bien accueilli. Très honnêtement, je pensais à un résultat entre 42 et 44%. Nous sommes très au dessus. Avoir un second tour permet d’achever le débat démocratique, de le conduire à son terme.

Nous sommes restés dans une posture résolument positive pour présenter notre projet, et à aucun moment nous ne sommes descendus dans le débat politicien. Je crois qu’il y a eu sanction du départ de Pierre Lellouche, et aussi de la mauvaise campagne de l’UMP qui a fait perdre des points. J’ai un raisonnement très simple : il y a 35 000 électeurs dans le 9ème ; Pierre Lellouche prétend que plus de la moitié de ceux-ci se retrouvent dans ses idées, c'est-à-dire 18 000 à 20 000 ; cela veut dire que l’UMP n’a rassemblé que le tiers de son potentiel (ndlr : Delphine Burkli a recueilli 6353 votes le 9 mars). C’est une campagne ratée. Il y a donc plusieurs facteurs : un bon bilan, un bon projet, une campagne digne de notre part, des ratages chez nos adversaires. Si eux-mêmes estiment leur campagne réussie, tant mieux pour nous !

PN : avant de parler de l’avenir, je voudrais revenir sur deux sujets qui ont marqué la campagne. Tant dans les réunions des différents partis que dans les discussions avec les militants au contact des habitants, un sujet est revenu : la propreté. Vous avez-vous-même reconnu ce problème en parlant notamment des déchets de grande taille qui encombrent les trottoirs. Des entretiens que j’ai eus avec des associations de quartier, il ressort aussi que les services de nettoyage seraient mal organisés. Partagez vous cette analyse, que comptez vous faire ?

JB : j’ai provoqué des réunions depuis 3 mois avec les Services de la propreté. Je ne suis absolument pas satisfait de la situation actuelle mais je sais aussi que les choses se sont améliorées sur un certain nombre de points pendant la mandature : les crottes de chien par exemple. J’ai trois axes d’efforts devant moi : premièrement travailler sur un autre mode de  management des Services – j’ai déjà obtenu un renforcement en matériels, un renforcement des équipes, une organisation différente des personnels – deuxièmement faire une grande campagne de communication – dire aux habitants que si la ville est sale c’est qu’il faut commencer par ne pas la salir – troisièmement accompagner cette campagne de communication par une verbalisation accentuée notamment en ce qui concerne les encombrants sauvages. J’ai la profonde conviction que nous progressons sur ce sujet mais c’est un vrai problème, il faut faire rétablir la propreté dans la rue.

PN : il y a un deuxième sujet sur lequel, certes, vous avez moins de prise et moins de responsabilité, c’est celui de la sécurité. Se promener aujourd’hui à Barbès semble être moins dangereux que de le faire entre Pigalle, Blanche et la place de Clichy. Vous connaissez le problème du coin Trudaine Rochechouart square d’Anvers. Est-ce que ce qui a été fait est suffisant ? On a l’impression que la police se satisfait de la situation actuelle dans la mesure où elle cerne le problème, c'est-à-dire qu’elle sait où se passent les choses, qu’elle connaît les gens fauteurs de troubles, que des points de fixation existent et qu’elle maitrise la chose et ne souhaite pas aller plus loin, qu’elle contrôle ainsi la situation.

JB : Nous sommes dans un quartier d’activités nocturnes qui pèsent sur la vie de l’arrondissement, principalement au Nord. Le dispositif des forces de police n’est satisfaisant, ni en effectifs, ni en organisation et là je vise spécifiquement l’ilotage de jour et l’ilotage de nuit. J’ai écris régulièrement au Préfet de Police, car c’est de sa compétence, pour lui dire attention, attention, nous ne sommes pas au volume d’effectifs que justifie le 9ème  et j’ai même chiffré cela par un manque de 50 personnes en comparaison avec d’autres arrondissements. Le Préfet de Police a renforcé l’effectif de 18 personnes fin 2007  et 15 supplémentaires ont été annoncées pour février 2008. Ce qui veut dire que mon diagnostic de départ n’était pas faux. Il y a un deuxième point qui est celui de l’organisation de l’ilotage : des personnes en uniforme dans un quartier, indentifiables, identifiées par les habitants. Le gouvernement semble d’ailleurs revenir dans le bon sens puisque cette organisation avait été supprimée par Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur. Je serais très attentif et très exigeant dans mes rapports avec le Commissaire, pour relayer les préoccupations des riverains, des commerçants et des parents d’élèves. Je sais néanmoins faire la différence entre la perception d’un danger et sa réalité, comme par exemple pour les croisements de rues.

PN : parlons un peu de l’avenir. Dimanche, vous envisagez combien d’élus ? Vous aviez 11 élus dans le Conseil d’arrondissement, vous pensez avoir le même nombre, passer à 12 ?

JB : quand j’ai commencé cette campagne, j’ai clairement dit que les ambitions de mon équipe étaient les plus élevées possibles. Nous sommes allés un peu au-delà de ce que nous avions espéré pour le premier tour et je suis très fier que mon équipe ait accompli cette performance collective. Je ne me fixe aucune limite pour le deuxième tour. Nous avons un programme très ambitieux : la petite enfance, le logement social, les équipements collectifs pour la jeunesse, je veux engager cela très vite. Plus mon équipe sera forte, plus nous aurons une puissance légitime pour engager notre programme.

PN : concernant votre équipe, on a peut être besoin d’une grille de lecture. Il ya une hiérarchie dans la liste. La non-présence de gens à forte notoriété dans le 15ème n’a pas empêché Anne Hidalgo de faire un  très beau score. Vos partenaires politiques sont en numéros 6,7 & 8, c'est-à-dire dans un ordre qu’on a un peu de mal à comprendre : les communistes dont on ne peut pas dire que leur contribution au cours de la dernière mandature ait été significative, ils ont plutôt brillé par leur absence, alors que Les Verts, même si vous les considérer comme des partenaires turbulents, ont un poids politique réel même si considérablement affaibli, une personnalité qui a apporté une contribution majeure au cours de votre mandat, en charge de la jeunesse, n’est que numéro 5. Est-ce que vous pourriez nous dire quelle lecture nous devons faire de votre liste ?

JB : je suis très fier du score d’Anne Hidalgo dans le 15ème. Par le passé, j’ai souvent rappelé que le 15ème et le 9ème étaient proches sur le plan sociologique et politique. Le score obtenu dans le 9ème est historique. Quand j’ai composé la liste du premier tour, j’ai accueilli les partenaires progressistes qui ont accepté l’accord avec le Parti Socialiste, d’où la position du PCF et du PRG au milieu de la liste. J’ai regretté que Les Verts aient pris la décision d’aller au premier tour séparés. Les Verts ont monté tous seuls une mécanique qui se traduit par leur minoration. La règle avait été fixée de respecter le verdict des urnes. Les Verts ont obtenu un score de 6,3% ce qui leur donne la 8ème place sur ma liste. Cela, c’est la genèse de la liste. Le moment venu, ma responsabilité sera de voir quels seront mes adjoints, quelles seront les délégations c'est-à-dire la répartition des taches. Je serais très attentif au portefeuille de délégation de chacun et j’aurai deux piliers qui viennent de l’équipe sortante, Pauline Véron et Laurent Chabas.

PN : est ce qu’on peut savoir qui va faire quoi ?

JB : vous êtes un peu en avance. Dans toute la campagne, j’ai dit que mes priorités étaient le logement et la solidarité. Si je suis élu, il y aura un pôle qui prendra en charge cette question. L’enfance et de l’adolescence dans la ville va mobiliser Laurent Chabas. Il y a un troisième dossier qui est pour moi l’écologie urbaine et l’urbanisme dans la ville que je traduirais dans l’organisation de l’équipe. Je serai aussi attaché à la question de la vie associative et de la vie démocratique – les conseils de quartier – et vous serez agréablement surpris des initiatives que nous prendrons sur ce point. Nous devons franchir une étape nouvelle pour faire vivre la démocratie participative.

PN : en parlant des associations, Bertrand Delanoë a dit que 25% des subventions seraient désormais attribués par les Mairies d’arrondissement. Vous voyez cela à quelle échéance ?

JB : j’ai déjà fait des propositions dans ce sens. Tout ce qui touche à la culture, aux sports, au tissu éducatif, la chaîne locale de solidarité, doit être déconcentré. Si je dois aller au delà de 25%, je le ferai. Tout ce qui touche la vie quotidienne est concerné. Il faut gagner en rapidité, en efficacité mais surtout en écoute.

PN : vous êtes dans l’équipe Delanoë, c’est clair, mais il y a quand même une différence d’appréciation entre l’Hôtel de Ville et la Mairie d’arrondissement. Est-ce que vous allez vous battre pour une déconcentration des pouvoirs et faire en sorte que les Maires d’arrondissement gagnent en autonomie ?

JB : le Maire de Paris l’a dit lui-même, notamment au cours des deux réunions qu’il a tenues dans le 9ème : il va aller résolument dans le sens du renforcement des pouvoirs des arrondissements. Je veux me mobiliser sur la vraie bataille : quand un programme est arrêté avec l’accord du Maire de Paris, les Directions centrales ont l’obligation de ne pas tergiverser mais de mettre en œuvre, dans le calendrier prévu, ce qui a été décidé. C’est sur ce terrain là que je vais porter mon effort, il y a beaucoup à faire. Ce n’est pas le processus formel qui est important, c’est le respect du processus démocratique.

PN : quand aura lieu le prochain Conseil d’arrondissement ?

JB : en principe, il devrait avoir lieu le 29 mars.

Commentaires

  • Intéressante interview.
    Peut-être à ce soir!

  • A propos de votre question : « Vos partenaires politiques sont en numéros 6,7 & 8, c'est-à-dire dans un ordre qu’on a un peu de mal à comprendre, les communistes dont on ne peut pas dire que leur contribution au cours de la dernière mandature ait été significative, ils ont plutôt brillé par leur absence »
    J. B répond : « je suis très fier du score d’Anne Hidalgo dans le 15ème (…) Les Verts ont obtenu un score de 6,3% ce qui leur donne la 8ème place sur ma liste. (…) ma responsabilité sera de voir quels seront mes adjoints, quelles seront les délégations c'est-à-dire la répartition des taches. »
    Pour les tâches, le IXème n’en est pas dépourvu. Pour les taches, J.Bravo indique qu’il mettra tout en œuvre pour les éliminer !
    J’espère que J.Bravo ne considère pas les « Verts » comme des « taches » dans le paysage ?
    Pour revenir à l’interview, et plus particulièrement sur ce paragraphe, quel générateur de langue de bois !
    A la suite de votre 1ère question : (…) quelle analyse faites vous de ce résultat et du résultat de votre principale concurrente ?
    La réponse imaginaire de J. Bravo pourrait être :
    « Sachez que je me battrai pour faire admettre que, malgré la conjoncture actuelle, et grâce au résultat du 2ème tour, j’accomplirai avec mes partenaires, une mission des plus exaltantes pour moi : l'élaboration d'un processus allant vers plus d'égalité, de fraternité et de solidarité pour l’arrondissement qui m’a conduit au triomphe ! » C’est quand même plus clair que son développement faussement modeste.

  • c'est surtout une interprétation très personnelle. Quiconque a discuté avec le maire sait qu'il n'aurait spontanément et sincèrement jamais eu cette vanité. je trouve d'ailleurs que sa réponse est très franche. Et même pragmatique.
    Maintenant on pourrait admettre qu'il y ait dimanche un triomphe. Quel serait le problème? Le maire a fait 55/60% c'est plutot bien, cela signifie qu'il a eu un assez bon bilan et que son projet correspondait aux attentes des habitants. On peut même se dire qu'en faisant son dernier mandat il va mettre la gomme pour les six prochaines années...

  • @Yann
    Vous m'avez bien lu, c'est personnel et imaginaire!
    Détendons nous! Le second degré ne fait pas de mal parfois. Encore quelques jours, et après on passe aux choses sérieuses
    Mettre la gomme c’est pour enlever les taches ?

  • Yann, on peut raisonnablement être satisfait de l'action de Bravo et en même temps rester critique sur certains points, le temps du Kremlin est derrière nous, un peu de distance et d'esprit frondeur n'ont jamais fait de mal à la démocratie non ? la lecture de Bernard me parait très saine

  • Salut Didier.

    Enfin je découvre ton sublime site.

    @+

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