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Le point sur la ZSP Barbès-Château-Rouge

Le bilan du ministre de l'intérieur Manuel Valls fait en ce moment l'objet de nombreux articles et, pourrait-on ajouter, de nombreuses critiques, surtout de la part de la droite et du front national il est vrai. L'efficacité des ZSP, — celle de Barbès-Château rouge-Goutte d'or fut la première mise en place en octobre 2012 — est remise en cause. Les chiffres de la délinquance ne sont pas très bons, reconnaissons-le. Peut-on s'en étonner après des années de réduction du nombre de policiers d'une part, la situation économique d'autre part ? Par ailleurs, on ne peut faire l'impasse sur le bilan du 1er semestre 2012 pour lequel on aurait "omis" un certain nombre de faits. La pertinence de l'évaluation pose donc question. Voila ce que déclarait d'ailleurs le préfet Bernard Boucault dans le Parisien de mardi dernier« La délinquance de 2012 a été sous-évaluée et cela rend plus compliquée la comparaison avec 2013 »

Nous avons relevé quelques chiffres sur Paris donnés par la police nationale sur le document de l'Observatoire de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).

-- atteintes aux biens + 10,6% (dont vols à la roulotte, cambriolages +26,2% (+92,3% pour les résidences secondaires)
-- vols à la tire +24,7% vols simples en baisse sauf vols sur chantier +12%
-- augmentation des vols à main armée sur des locaux commerciaux + 6,4% (dont + 31,3% chez les particuliers)
-- vols avec armes blanches +4,9%;
-- destructions et dégradations +6,3%;

Par contre les violences physiques dites « non crapuleuses » et violences sexuelles sont en recul.

-- Escroqueries et infractions économiques et financières + 27,4% dans la globalité (dont en forte hausse, carte de crédit, chèques, fausse monnaie, faux en écriture; 

-- Infractions à la législation sur les stupéfiants : en forte baisse.

paris,zsp-barbès-chateau-rouge,Barbès,police,sauvette,délinquancePour en savoir plus, c'est à dire le détail de l'évolution des chiffres de la police par catégorie, il vous suffit de cliquer ici et de choisir le département qui vous intéresse.

 

Qu'en est-il pour notre quartier ?

Avec quelques autres représentants associatifs ou de copropriété particulièrement exposées à des phénomènes de délinquance, Action Barbès a pu participer le 23 janvier à l'une des réunions bi-mensuelles qui se tiennent au commissariat central de la rue de Clignancourt. La précédente invitation remontait au mois de mai 2013 (voir notre article d'alors) déjà sous la responsabilité de Nelson Bouard, dont nous saluons l'accueil cordial.

Une réunion tout aussi longue que la précédente en présence de nombreux services et élus : préfecture, parquet, brigade des stupéfiants, Brigade de la répression du proxénétisme, Direction de la protection et de la prévention (DPP), Groupe d'intervention régional (GIR),  Direction des transports et de la protection du public (DTPP), Compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI), douanes, RATP...

De quoi s'y perdre ! Par exemple, on confond souvent les CRS qui sont présents en cas de besoin pour des actions offensives avec le CSI qui peut avoir des fonctionnaires en civil.

Nous n'allons pas vous livrer ici l'ensemble des chiffres donnés pour les 15 jours qui ont précédé cette réunion. Précisons que certaines informations ne pouvaient être entendues par les personnes invitées pour des raisons de confidentialité et que nous ne pouvons pas non plus dévoiler les quelques infos données sur des opérations en cours !

Les abords de Barbès : sauvettes, drogues, vols

La présence policière quotidienne aux abords de la station s'est accentuée. Nous l'avons constaté. Avec des renforts présents les jours de marché. Ces jours-là, les vendeurs occasionnels doivent attendre tard le soir, vers 21h, après le départ des derniers véhicules de CRS pour s'installer sous le viaduc et ils sont fatalement moins nombreux qu'avant. L'attente dans le froid décourage. Des regroupements ont lieu régulièrement côté 18e, le long du boulevard jusqu'à la la rue et la placette de la Charbonnière (activité en très forte hausse confirmée), le long des grilles du métro et aussi côté 10e, tout récemment devant le Louxor. La rue Patin est devenue une zone de repli. Des ventes ont lieu en journée entre deux véhicules, sur un bout de trottoir. Hier mercredi, des installations ont de nouveau eu lieu dans la matinée. Pas aussi facile à régler qu'on l'entend parfois dans certains propos d'habitants. 

Le camion benne pour les saisies est désormais disponible plus de 70h/semaine et 7/7 jours et depuis le 24 janvier il est mis à disposition tôt le matin. Les quantités saisies sont très importantes. Le commissaire reconnaît que de nombreux vendeurs s’installent désormais sur la placette Charbonnière. Une compagnie de CRS supplémentaire est affectée les mercredis et samedis. Quant à  la DPP, elle assure une présence de 8h30 à 17h, procède à des interpellations pour vols dans le marché et veille au bon déroulement du nettoyage sous viaduc.

Les ventes à la sauvette sont quotidiennes et les actions de la ZSP sont continues. Actuellement, on note une baisse des saisies de cigarettes (en provenance de Chine, du Maghreb ou d'Ukraine). Les services des douanes participent activement à ces actions. Rappelons qu'ils sont les seuls à pouvoir saisir immédiatement des liquidités.  A savoir : les vendeurs de cigarettes ne sont pas tous des sans-papiers contrairement à ce qu'on entend. Par contre pour certains, les contrôles font apparaître qu'ils seraient tous nés le même jour au même endroit !!

Au carrefour Barbès, il n'y a plus actuellement de CRS mais une équipe du commissariat dès 7h du matin et jusqu'au soir. M. Lebcher, le kiosquier, confirme que la situation s'est améliorée. Les vols de portable n'ont pas cessé malheureusement. Une trentaine de fauteurs interpelés en 15 jours et 14 déférés avec le soutien de la brigade RATP.

Les actions de la brigade des stupéfiants sont nombreuses. Une importante quantité de produits a été saisie et dans la foulée, une grande réactivité des services concernés a conduit à des comparutions immédiates. Les trafics autour de Barbès (Subutex) sont perturbés, ce qui peut expliquer un léger report sur le 10e. Des effets reports qui sont, d'après Nelson Bouard anticipés au maximum. Ceux du boulevard de Magenta le long du Louxor et pour lesquels, Action Barbès a été informé par des habitants, sont bien connus. Même chose rue du faubourg Poissonnière angle rue du Delta. Ces secteurs sont surveillés et des interpellations ont eu lieu récemment devant le cinéma. La lutte contre le trafic de médicaments s'est renforcée.

Et comme à chaque fois que l'on met la pression sur un secteur, on constate des reports. C'est le cas depuis quelque temps sur des stations de métro de la ligne 12. Daniel Vaillant a d'ailleurs écrit récemment au Préfet à ce sujet pour que la ZSP soit étendue aux stations de métro Porte de la Chapelle, Marx Dormoy, Marcadet, Lamarck, Jules Joffrin. Le 9e serait également touché à Trinité. Une convention a été récemment signée avec la RATP et Coordination Toxicomanie qui permettra la formation d'agents de la RATP et la mise en place d'un suivi sanitaire et social.

Lutte contre le proxénétisme

Le quartier concerné est situé au nord de la ZSP. Les actions sont ciblées sur le proxénétisme immobilier, suite aux plaintes d'habitants qui subissent de réelles nuisances dues au racolage. On consacre dans cette zone environ 10% de l'activité totale de Paris et petite couronne. Il s'agit surtout de Nigérianes. Ces femmes, qui sont évidemment d'abord des victimes, sont orientées autant que possible vers des associations financées par la Ville de Paris. Elles obtiennent une protection après dénonciation de leur proxénète. Leurs passeports sont souvent des faux; la liaison avec le consulat du Nigéria n'est pas facile. Pour favoriser leur insertion, trois appartements leur sont réservés dans le 18e ainsi que quelque places d'hébergement. « L'action judiciaire n'est pas impitoyable envers les prostituées. On travaille sur la recherche des proxénètes. On ne peut pas voir que le travail répressif. Le lien avec avec les actions sanitaires et sociales est indispensable. » a conclu le commissaire.

D'autres actions sont menées parallèlement 

Contrôles sanitaires de commerces, lutte contre les nuisances sonores et olfactives, pollutions, risques incendies, infractions liées à la salubrité. Les fermetures administratives dans le 18e représentent 1/3 du total parisien. A noter les nombreuses verbalisations contre les messieurs "urineurs" (10 à 15 par jour). Et aussi, le travail illégal, la lutte contre la fraude documentaire, médicale et, un phénomène assez nouveau, la reconnaissance frauduleuse de paternité : derrière cette dénomination, on trouve l'utilisation de femmes et d'enfants et en conséquence on peut donc poursuivre pour traite d'êtres humains.

En réponse à une de nos questions, nous avons appris que les commissaires des 9e et 10e étaient toujours invités (mais absents ce jour-là), que le travail de coordination était quotidien. En revanche, permettre la présence d'un élu de ces mêmes arrondissements semble encore impossible. Nous le regrettons évidemment, le travail inter-arrondissements étant notre cheval de bataille comme le savent ceux et celles qui nous suivent depuis 13 ans. "La coordination existe au niveau de l'Hôtel de ville", a précisé Myriam El Komri, mais elle ne nous parait pas suffisante.
"Tous les services travaillent en étroite collaboration pour un maximum d'efficacité" a ajouté Nelson Bouard. Les chiffres du prochain bilan nous  diront s'ils y sont parvenus.

En conclusion et quelques quatre heures plus tard, le représentant de la Préfecture de police a martelé à destination des représentants des habitants «On ne lâchera pas. Comptez sur nous ! ». Il était sans doute important que ce message soit transmis au-delà des murs du commissariat.

Information de dernière minute

Le préfet de police de Paris présentera aujourd'hui même la nouvelle Brigade Spécialisée de Terrain (BST) annoncée pour le secteur de la Gare du Nord.

Commentaires

  • D'abord grand merci Action Barbès de participer pour nous à ce genre de réunion et de nous tenir informés.
    Pour une personne de gauche comme moi, disons que la politique de Valls n'est pas meilleure que celle de Sarkozy en son temps et qu'elle ne donne pas de meilleurs résultats. Et il me semble que sur ce point, les critiques ne viennent pas uniquement de la droite, fut elle extrême.
    De cet article bien nourri, je tire hélas une conclusion simple : ça ne marche pas, la ZSP, ça ne marche pas. Je ne suis pas loin de penser que les autorités dont, au passage, il faut noter l'autosatisfaction qui ressort de votre texte, pensent de même mais que l'électeur moyen voulant du flic, on lui donne du flic. Mais cela ne résout rien.

  • On peut penser raisonnablement qu'un marché de l'emploi plus dynamique dans notre pays aurait des vertus curatives par rapport à tous les trafics qui fleurissent à Barbès. Et sur les marchés illicites en tout genre. Les marchés à la sauvette sont l'expression d'une précarité endémique qui ne faiblit pas, mais plutôt s'accroit. Ils se déplacent au fur et à mesure que l'occupation de l'espace public par les forces de police elle-même se déplace. L'arrivée de la BST (encore du "Bleu" comme l'évoque Didier ci-dessus) ne va pas résoudre le problème des vendeurs à la sauvette, son but est d'éviter qu'ils ne refluent sur le 10e. Oui, et alors ? Quel est l'arrondissement qui va jouer les terres d'accueil dans la phase suivante ? Personne ne se bouscule au portillon...
    En revanche, la présence de la police est le seul effet visible, rapidement visible et signifie qu'il se passe quelque chose dans le quartier. Donc, même si leur présence ne résout pas le problème de fond, même si c'est une solution couteuse, dans un premier temps, les autorités ne savent pas faire autrement.
    Nous leur demandons de communiquer sur les résultats positifs obtenus, car il y en a, régulièrement et de façon didactique. Les habitants sauront faire le tri.

  • Le Communiqué de presse de la Ville de Paris annonçant les moyens additionnels en matière de sécurité a été publié cet après-midi:
    http://www.myriamelkhomri.fr/2014/02/06/communique-de-presse-de-bertrand-delanoe-des-moyens-supplementaires-au-service-de-la-securite-des-parisiens/

  • Merci pour les commentaires de Didier et Lise qui sont assez juste.
    Je suis assez sensible à la présence policière et celle dans le 18eme a très souvent tendance à m’énerver. J'ai été plusieurs fois témoin d'actes très violent de la police pour disperser ou attraper, je ne les oublierais pas. J'aime le 18eme et surtout Barbes, Marcadet Poissonier, je souhaite de tout cœur que ça ne deviennent pas comme Jules Jofrin, même si malheureusement je pense que c'est inévitable.

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