habitude - (latin habitudo) - nom féminin
1. Disposition, acquise par la répétition, à être, à agir fréquemment de la même façon.
2. Capacité, aptitude acquise par la répétition des mêmes actions. Avoir l'habitude de conduire la nuit.
rite - (latin ritus) - nom masculin
1. Ensemble des règles et des cérémonies qui se pratiquent dans une Église, une communauté religieuse. Le rite romain.
2. Ensemble des règles fixant le déroulement d'un cérémonial quelconque. Rites maçonniques.
3. Action accomplie conformément à des règles et faisant partie d'un cérémonial précis. Rites de la remise d'une décoration.
4. Manière d'agir propre à quelqu'un ou à un groupe social et revêtant un caractère invariable. Le rite des vœux de nouvel an.
5. ANTHROPOLOGIE Dans certaines sociétés, acte, cérémonie, fête à caractère répétitif, destinés à réaffirmer les valeurs et à assurer la relance de l'organisation sociale. Rites d'initiation. Rites funéraires.
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Soyons francs : les courses ou la simple promenade du dimanche matin rue des Martyrs relèvent plus du rite que de l’habitude à en suivre les définitions du Larousse.
Rite car comme le dit le bon vieux dictionnaire, cette manière d’agir revêt bien un caractère invariable, dans le temps comme dans l’espace. Rite car, par opposition à l’habitude parfois pesante, ce moment particulier est un plaisir.
La rue des Martyrs n’est plus ce qu’elle était. Fini les marchands des quatre saisons avec leurs petites charrettes vertes installées sur la voie comme on peut en voir encore quelques unes rue Cadet. Ils étaient nombreux et « débordaient » généralement rue Saint Lazare. Ils ont disparu à la fin des années 70, milieu des années 80, progressivement. Ne soyons pas nostalgiques, une nouvelle façon d’occuper l’espace commun est apparue au moment où la rue a été fermée à la circulation le dimanche matin, un nouveau « rituel » s’est installé.
Comme tout bon rite, le dimanche matin rue des Martyrs a ses règles, non-écrites bien sûr, mais invariables néanmoins pour qui veut bien jouer les observateurs.
Dans la concentration des personnes d’abord.
Nécessité fait loi, et puisque c’est dans la partie basse de la rue, en gros entre Notre Dame de Lorette et la rue Manuel, que l’on trouve le plus de commerçants de bouche, c’est là que l’on trouve le plus de gens. Queues aux bouchers, aux boulangers, au poissonnier, … et c’est là aussi que l’on se rend compte que la structure du petit commerce dans la rue a bien changé. Deux bouchers pour combien de coiffeurs ? Un poissonnier pour combien d’opticiens ?
Plus haut après la rue Manuel et jusqu’à la place Lino Ventura, la concentration des personnes est moindre, les commerces de bouche étant plus espacés.
Dans le taux de fréquentation suivant l’heure ensuite. Avant 11h, pas grand-chose. La fréquentation commence à augmenter vers 11h et atteint son point culminant à la sortie de la messe à midi et ce jusqu’à 13h-13h30. Contrairement à beaucoup d’autres pays européens, les Français ont gardé en tête une structure de leur temps comme l’heure du déjeuner par exemple. C’est ce que nous apprend un article rédigé par un Anglais et paru dans Courrier International édition du 2 janvier 2008 intitulé Bravo La France qui a choisi le temps plutôt que l’argent. Le dimanche midi rue des Martyrs en est l’exemple typique.
Dans l’utilisation de l’espace commun enfin. Qui n’a pas remarqué qu’invariablement, les militants communistes vendaient l’Huma et diffusaient leurs tracts tout en bas de la rue ? Qui na pas remarqué que le carrefour Hippolyte Lebas Martyrs était le rendez vous des autres partis politiques ? Et que tout ce petit monde se retrouvait le plus souvent à La Rimaudière, le café à l’angle de la rue Lamartine. En ce dimanche pré-électoral du 6 janvier, voilà ce que l'on pouvait y voir.
Elle est bien sympathique la rue des Martyrs. J’en connais même qui viennent de Barbès pour y faire un tour le dimanche matin, c’est dire.