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  • Barbès un marché comme les autres ?

    Il faut être positif, patient aussi, nous dit la Mairie de Paris car nous travaillons à son amélioration, montrer les bons côtés du marché, et arrêter de le dénigrer sans cesse. (voir notre article du 20). Ok, on va tenter. 

    Malgré la foule qui déambule aussi bien dans l'allée centrale que sur les côtés extérieurs, malgré les vendeurs à la sauvette qui ralentissent le passage des clients entre les étals, et créent des bouchons bruyants, protestations et cris des râleurs qui ne voient pas bien l'intérêt de vendre là des montres de pacotille, ou des slips et chaussettes et encore moins des bouquets de persil ou de coriandre au nez et à la barbe des marchands ayant acquitté leur place.... malgré tout cela, le marché de Barbès est un dépaysement complet. Pourtant, certains habitants du quartier ont lâché l'affaire, ils n'y trouvent plus leur compte, ils disent que la qualité a baissé, que les contacts sont devenus difficiles, la tension est présente, l'agressivité aussi souvent. Tout cela est vrai. Ressenti par tous. Que faire ? 

    On est dans un marché populaire. Les prix sont, comme chez Tati, les plus bas de Paris. Les clients viennent parfois de loin pour y remplir leurs caddies et repartent qui en bus, qui en métro. Prenez la ligne 2 vers 13h à Barbès, et vous serez surpris du nombre de caddies présents dans la rame. Quand on sait acheter, qu'on regarde avec soin ce qui entre dans le sachet, on peut en revenir avec des produits de qualité. On peut même faire des affaires en saisissant les opportunités. Des exemples ? Deux petits conteneurs transparents de 500 gr de pommes de terre, type BF15 ou charlotte, qualité bio, pour un euro. Ou encore le kilo de coquilles saint-jacques à 8,95 €. Vous ne les trouverez pas chez Carrefour ou Auchan. Pour la majorité des produits, les marges sont étroites mais la quantité est là, qui compense. Les commerçants, dans leur ensemble, sont des vieux routards de la vente de produits périssables sur les marchés et connaissent leur affaire. Ils savent acheter à Rungis. Ils savent aussi quel produit ne pourra pas se vendre ici car le prix est trop élevé pour le pouvoir d'achat local. Certes, le quartier s'est renchéri au niveau de l'immobilier, mais assez rares sont les nouveaux propriétaires qui font leurs courses  au marché. 

    Toutefois, nous constatons depuis des mois que des stands de produits non alimentaires remplacent des étals de fruits et légumes, certains jours. C'est dommage, car la Direction de l'attractivité et de l'emploi (DAE, c'est le nom du service de la Ville qui se charge du fonctionnement des marchés en coopération avec les délégataires) avait organisé l’espace, il y a quelques années, de telle sorte que le non-alimentaire s'installe à l'est du marché, sous le viaduc, mais au carrefour des rues de Maubeuge et Tombouctou. Ces marchands, qualifiés de "volants", ne sont pas titulaires d'un emplacement attitré, normalement. Ils acquittent leur droit, au coup par coup, auprès du placier, en fonction des espaces disponibles lors de l'installation du marché à l'aube. D'où parfois, à côté du poissonnier, un  camelot qui vend des parfums avec verve et succès (!) ou un marchand de prêt-à-porter entre deux stands de melons. Or, nous rappelons régulièrement lors de réunions avec élus et services de la ville que ce marché est avant tout un marché alimentaire.

    Cependant, il faudra bien trouver des compromis et donc dialoguer avec les commerçants. C’est le rôle de la ville et du délégataire. Nous pouvons ainsi espérer faire progresser la situation du marché, améliorer son environnement, le rendre plus agréable et y compris améliorer les conditions dans lesquelles les commerçants eux-mêmes travaillent. Certains nous ont dit qu'ils passaient du temps, au petit matin,  à nettoyer leur place avant d'installer les stands parce que, la veille, marché illicite ou distribution alimentaire avait eu lieu sans que les agents de la propreté aient eu le loisir de repasser. On le voit aussi en fin de marché, après le passage de la "fonctionnelle" quand les sauvettes sortent leurs caddies et déballent leurs toiles au sol. Une patrouille de policiers les fait disparaître... mais le sol reste jonché de détritus, cageots et cartons compris. La version moderne du mythe de Sisyphe...

    Encore un point positif sur ce marché hors du commun. On sait qu'à la fin des marchés, ici comme ailleurs, on a toujours croisé des "glaneurs", qui collectent les fruits et légumes laissés pour compte avant le grand balayage. Vu la conjoncture économique, ils sont malheureusement de plus en plus nombreux. Mais, ici le mercredi, vers 13h, c'est l'association des Restos du coeur qui vient avec un camion et prend en charge des cageots entiers de produits frais pour sa cuisine d'Aubervilliers. Un point positif qu'on ne pouvait pas complètement passer sous silence. 

    Avant de terminer le tableau, nous voulons encourager les marchands à trier un peu mieux leurs déchets, et profiter que des conteneurs spéciaux sont mis à leur disposition (ils sont une vingtaine, avec des couvercles bleus), et qu'ils sont collectés par une benne dite BIO avant le grand nettoyage de 15h. Bio, compostage, etc... bon pour l'environnement ! 

    Par ailleurs, les deux compacteurs de Derichebourg, qui ne fonctionnent pas toujours à ce que nous avons entendu, sont un peu dépassés par les quantités de marchandises qui arrivent en même temps que les cartons et les cageots en bois léger. Tout cela est avalé, mais pas toujours compacté, et les rotations du camion qui enlève la benne se font plus fréquentes. S'en suit une interruption de la circulation sur le boulevard de la Chapelle qui crée un embouteillage en amont, des klaxons, etc.... Sisyphe…. et le rocher est très lourd à bouger !

  • Faites l'une pour l'autre

    paris,18e,goutte-d-or,chiaira-condiChiara Calzolaio et la Goutte d’Or étaient faites pour se rencontrer. C’est rue Doudeauville que cette jeune Italienne habite aujourd’hui : « les Champs-Elysées du quartier ». Originaire de Macerata, dans les Marches, elle en est tombée amoureuse à l’occasion d’un séjour parisien précédent, dans le cadre d’un Master en anthropologie à l’EHESS. Aujourd’hui doctorante à l’Iris, elle consacre sa thèse aux violences liées à la guerre contre le trafic de drogue à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, en particulier à Ciudad Juarez (lien vers ses travaux universitaires via Ehess

    Cette ville frontalière traîne une image d’ultra violence – notamment en raison des meurtres de femmes non élucidés qui y ont été commis – mais « attention, c’est un effet d’image un peu trompeur », rapporte Chiara, qui y a séjourné à plusieurs reprises. En tout cas, le projet de salle de consommation à moindre risque, dans le 18e arrondissement, ne la laisse pas indifférente : les associations de soutien aux toxicomanes qu’elle a rencontrées outre-Atlantique l’ont convaincue de la pertinence de tels dispositifs de prévention. « Ça marche ! Au moins, les gens avec qui j’ai discuté utilisaient des seringues propres », raconte-t-elle. Chiara espère d’ailleurs participer à une étude de l’Inserm qui vise à mesurer la manière dont l’ouverture de ce type de salles modifie les pratiques des toxicomanes.

     

    Le défi de la mixité

    À la Goutte d’or, la jeune anthropologue apporte également son expérience associative, qu’elle partage avec un évident plaisir. Ainsi, aux membres de la Coopérative alimentaire, elle fait profiter de sa connaissance des « groupes d’achats solidaires » italiens, les GAS : des réseaux en plein essor – environ 900 dans le pays – qui privilégient l’achat de proximité, les produits de qualité et l’engagement social des fournisseurs. Et tout cela, bien sûr, sans intermédiaire, par la création de liens directs avec les producteurs, comme dans les Amap françaises. Lait, œufs, légumes, fruits, pain, épicerie, cosmétiques : les GAS « permettent à des gens qui n’en auraient pas les moyens autrement d’accéder à des produits de qualité, c’est-à-dire bons et produits de manière éthique ». Pour sa part, le GAS de Macerata réunit 400 familles et une vingtaine de producteurs.

    Ce système, raconte Chiara, fonctionne globalement très bien. L’accent est mis sur la solidarité : octroi de micro-crédits aux coopérateurs qui traversent une passe difficile, bourse d’échange d’habits et de livres, organisation d’ateliers de cuisine, couture ou tissage selon les compétences de chacun. Certes, « des discussions infinies se nouent » parfois à propos de sujets secondaires. Certes, « les coopérateurs les plus actifs sont un peu toujours les mêmes ». Mais dans le fond, le véritable défi est ailleurs : « Le problème structurel de ce genre d’initiative, c’est celui de la mixité sociale ou culturelle ». Une formule qui rencontre bien des échos à la Goutte d’Or…

    Chiara Condi

    Toujours vécu

    La suite ? Si la campagne manque à Chiara – éduquée aux plaisirs de la bonne chère dans le potager familial – elle aura du mal à quitter la France. Pour des raisons professionnelles, d’abord : « Je veux continuer à faire de la recherche. Or, en Italie, vu le manque de moyens publics, je ne pourrais pas. En France, c’est envisageable ».

    Pour des raisons personnelles, ensuite – son attachement pour le quartier, notamment. « Bien sûr, il ne faut pas idéaliser : c’est fatigant parfois, il  y a plein de poubelles partout, d’autres quartiers sont plus beaux. Mais j’aime les ponts qui passent au-dessus des gares, le café Omadis, le square Léon. Si j’ai envie du Paris classique, il suffit de monter au Sacré-Cœur. Si j’ai envie de sortir mal habillée, je le fais. C’était dur de s’installer en France, venant du Mexique ! J’ai trouvé ici un côté d’humanité que je n’ai pas vu ailleurs à Paris, beaucoup plus chaleureux. S’il m’arrivait quelque chose ici, je sais que les gens réagiraient. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé après un accident de vélo : on m’a accompagnée aux urgences. La Goutte d’Or, j’ai l’impression d’y avoir toujours vécu ».

  • Gros plan sur le Relais : il manque des bornes de collecte

    Le Relais est une organisation réputée, membre d'Emmaüs France depuis 1984, qui est spécialisée dans la collecte, le recyclage et la valorisation de vêtements (textiles). Cette organisation, représentative de l'économie sociale et solidaire, a pour vocation de créer de l'emploi pour des personnes en situation d'exclusion et de militer pour le développement durable. 

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    En se rendant au centre de collecte du Relais à Pantin, l'objectif d'Action Barbès était de comprendre le fonctionnement de cette organisation, célèbre au niveau national, d'en comprendre le fonctionnement au niveau local, de mesurer son impact sur Paris, et plus précisément sur les arrondissements dont Action Barbès se sent le plus proche, à savoir les 9ème, 10ème et 18ème arrondissements. Nos interlocuteurs n’ont pas été avares de leur temps et nous ont réservé un excellent accueil. Rappelons que nous avions pris contact il y a plus d’un an pour signaler que de très jeunes enfants étaient contraints à dérober des vêtements à l’intérieur des bornes. (liens vers nos articles du blog sur le sujet).

    Le rôle et l'organisation des Relais.

    20 Relais existent en France à ce jour, qui sont organisés en société coopérative et participative (SCOP), et qui fonctionnent comme des centres de profit autonomes à l'échelle locale. Ils disposent du soutien du Relais France situé à Bruay-La-Buissière, dans le Nord Pas-de-Calais.

     

    Que deviennent nos vêtements ?

    Les textiles collectés sont triés puis vendus pour partie en l'état dans les boutiques du Relais en France après avoir été reconditionnés (6% de la collecte totale, 40 % des revenus des centres).

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    Une autre partie est destinée à l'export, ou encore dirigée vers des centres de tri en Afrique (Madagascar, Sénégal, Burkina Faso) pour être revendus localement à des fripiers africains. Cette activité bénéficie directement aux populations locales. Les revenus de cette activité permettent par ailleurs le développement d'autres activités sur place (activités agricoles, industries agro-alimentaires, mécanique).

    Une dernière partie (40%) des textiles est recyclée et sert de matière première pour être transformée, par exemple, en isolant thermique et phonique (marque « Métisse »), un produit éco-responsable développé en 2006, concurrent de la laine de verre, et qui est fabriqué dans une usine du Relais proche du siège de l'organisation.

    Cette activité récente est en plein développement et bénéficie de l'engouement public pour les économies d'énergie et l'utilisation de matériaux propres.

     

    Le Relais de Pantin

    Pour atteindre leurs objectifs les Relais ont du s'organiser, développer un savoir faire en matière de collecte et de recyclage de textiles, et enfin adopter une structure industrielle et commerciale propres.

    Le Relais de Pantin, qui est encore récent, intègre parfaitement cette démarche. Il était intéressant de connaître cette organisation et constater le professionnalisme des intervenants.

     

    Quelques données chiffrées sur le centre de Pantin 

    A ce jour, le centre de Pantin collecte près de 15 tonnes de textile par jour, soit plus de 3300 tonnes par an.

    Il dispose pour cela de 270 bornes de collecte implantées dans Paris et la région parisienne (soit 60% de la collecte totale), dont une centaine est située sur des espaces publics et 170 autres sur des espaces privés (centres commerciaux, habitations de bailleurs sociaux, …). Notons que les bornes en secteur public sont 5 fois plus productives que les bornes en espace privé.

    Le centre de Pantin réunit aujourd'hui une équipe de 25 personnes, qui ont été intégrées soit par candidatures spontanées, soit sur propositions de Pôle Emploi, soit envoyées par des associations locales.

    12 camions font chaque jour la tournée des bornes, 5 jours par semaine et pour certaines d'entre elles également les samedis et dimanches. 

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    Les textiles collectés sont acheminés vers Sarcelles, où le tri est actuellement effectué par des sous traitants privés.

    Le centre du Relais de Pantin, qui est situé Avenue Edouard Vaillant, sur un site destiné à être transformé en écoquartier (projet à l'étude depuis 2012) a un projet imminent de création en région Nord Est parisienne d'un centre Relais complet avec collecte, tri et boutique de vente. Ce projet permettra l'embauche immédiate de 30 personnes en emploi solidaire..

    De longue expérience, le projet est assuré d'être rentable car le taux de collecte minimum nécessaire de 15 t par jour est déjà atteint à Pantin et que les possibilités de développement de l'activité restent considérables.

    Le centre de Pantin a désormais une connaissance détaillée du terrain et il a su faire face aux problèmes de pillage et de vandalisme sur les bornes auxquels il a été confronté (problème très parisien) en adaptant ses bornes. Il dispose des moyens et de l'organisation pour envisager une nouvelle extension de ses activités.

     

    Perspectives de développement

    Action Barbès s'est intéressée plus particulièrement à comprendre ces perspectives de développement, à comprendre le rôle et la responsabilité des acteurs locaux, et à attirer l'attention de ses adhérents sur les éléments de succès d'un tel projet.

    La collecte organisée des textiles à Paris est encore récente et se développe fortement.. C'est ainsi que la signature de la dernière convention signée avec la Ville de Paris en 2012 a permis un véritable essor de plus de 50%. Et que le taux de collecte a continué de progresser de 10 % ces dernières années.

    On estime à ce jour que, dans toute la France, seulement 170 000 tonnes de textiles sont récupérées sur les 700 000 tonnes qui seraient jetées chaque année par la population . Notons avec satisfaction qu'à Paris le taux de récupération a bien progressé puisque le taux déchet serait passé de 16 kg à 9 kg par personne en moyenne depuis 2009 grâce à l'action du Relais et des autres acteurs nationaux.

    Si les Relais à Paris et en région parisienne comptent à ce jour plus d'une centaine de bornes en espace public, nous sommes forcés de constater que cette implantation reste faible en rapport à la collecte potentielle restante. Le Relais constate en effet lui-même qu'à ce jour une borne dessert à Paris en moyenne 10 000 habitants, avec de fortes variations entre les arrondissements. Que, selon son analyse du terrain, le taux idéal serait d'une borne pour 2000 habitants pour assurer un ramassage optimum.
    Dans le cadre de la nouvelle convention que le centre de Pantin vient de signer pour les 3 prochaines années avec la Ville de Paris, le centre s'est donné un objectif d'implantation d'une borne pour 5000 habitants. L'atteinte de cet objectif permettrait quasiment de doubler la collecte actuelle, soit 3000 tonnes supplémentaires, de créer 20 emplois supplémentaires au Relais en région parisienne, et ferait économiser 750 000 euros à la ville de Paris qui aujourd'hui doit ramasser ces textiles et les incinérer dans ses centres de traitement des déchets urbains (coût par tonne : 250 E)


    Si l'on observe les arrondissements chers à Action Barbès, l'on constate que actuellement 7 points d'apport sont installés dans le 9e arrondissement, contre 12 dans le 10e et 18 dans le 18e.
    Ce taux d'implantation est certes supérieur à quelques autres arrondissements qui se distinguent particulièrement par leur faible implantation (exemple le 11e arrondissement avec 2 points d'apport et le 13e avec 5 points d'apport).
    La Mairie de Paris, qui soutient le projet du Relais, est donc incitée à faire pression sur les mairies d'arrondissement pour qu'elles s'impliquent plus dans une politique d'implantation plus étendue des bornes.
    Le Relais est aussi persuadé que, dans nos arrondissements proches de Barbès, la collecte pourrait être doublée en doublant la capacité de ramassage des bornes. Il a développé une cartographie avec des propositions d'implantations nouvelles. Action Barbès, qui soutient cette stratégie, s'adressera aux Mairies des arrondissements pour s'informer sur leurs intentions en la matière et les encourager à poursuivre leurs efforts dans ce sens.
    Cet article est le premier pas d'une telle démarche qui doit solliciter les élus à prendre des engagements dans ce sens.


    Une affaire à suivre à la rentrée de septembre et d’ici là, pour en savoir plus, voir le site du Relais.

  • Gros plan sur le Relais : il manque des bornes (bis)

    Un problème technique nous a empêché de publier la version complète de l'article consacré au Relais la semaine dernière. Nous le republions et cette fois dans son intégralité. Avec nos excuses.

    Le Relais est une organisation réputée, membre d'Emmaüs France depuis 1984, qui est spécialisée dans la collecte, le recyclage et la valorisation de vêtements (textiles). Cette organisation, représentative de l'économie sociale et solidaire, a pour vocation de créer de l'emploi pour des personnes en situation d'exclusion et de militer pour le développement durable. 

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    En se rendant au centre de collecte du Relais à Pantin, l'objectif d'Action Barbès était de comprendre le fonctionnement de cette organisation, célèbre au niveau national, d'en comprendre le fonctionnement au niveau local, de mesurer son impact sur Paris, et plus précisément sur les arrondissements dont Action Barbès se sent le plus proche, à savoir les 9e, 10e et 18e arrondissements. Nos interlocuteurs n’ont pas été avares de leur temps et nous ont réservé un excellent accueil. Rappelons que nous avions pris contact il y a plus d’un an pour signaler que de très jeunes enfants étaient contraints à dérober des vêtements à l’intérieur des bornes. (liens vers nos articles du blog sur le sujet).

    Le rôle et l'organisation des Relais.

    20 Relais existent en France à ce jour, qui sont organisés en société coopérative et participative (SCOP), et qui fonctionnent comme des centres de profit autonomes à l'échelle locale. Ils disposent du soutien du Relais France situé à Bruay-La-Buissière, dans le Nord Pas-de-Calais.

     

    Que deviennent nos vêtements ?

    Les textiles collectés sont triés puis vendus pour partie en l'état dans les boutiques du Relais en France après avoir été reconditionnés (6% de la collecte totale, 40 % des revenus des centres).

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    Une autre partie est destinée à l'export, ou encore dirigée vers des centres de tri en Afrique (Madagascar, Sénégal, Burkina Faso) pour être revendus localement à des fripiers africains. Cette activité bénéficie directement aux populations locales. Les revenus de cette activité permettent par ailleurs le développement d'autres activités sur place (activités agricoles, industries agro-alimentaires, mécanique).

    Une dernière partie (40%) des textiles est recyclée et sert de matière première pour être transformée, par exemple, en isolant thermique et phonique (marque « Métisse »), un produit éco-responsable développé en 2006, concurrent de la laine de verre, et qui est fabriqué dans une usine du Relais proche du siège de l'organisation.

    Cette activité récente est en plein développement et bénéficie de l'engouement public pour les économies d'énergie et l'utilisation de matériaux propres.

     

    Le Relais de Pantin

    Pour atteindre leurs objectifs les Relais ont du s'organiser, développer un savoir faire en matière de collecte et de recyclage de textiles, et enfin adopter une structure industrielle et commerciale propres.

    Le Relais de Pantin, qui est encore récent, intègre parfaitement cette démarche. Il était intéressant de connaître cette organisation et constater le professionnalisme des intervenants.

     

    Quelques données chiffrées sur le centre de Pantin 

    A ce jour, le centre de Pantin collecte près de 15 tonnes de textile par jour, soit plus de 3300 tonnes par an.

    Il dispose pour cela de 270 bornes de collecte implantées dans Paris et la région parisienne (soit 60% de la collecte totale), dont une centaine est située sur des espaces publics et 170 autres sur des espaces privés (centres commerciaux, habitations de bailleurs sociaux, …). Notons que les bornes en secteur public sont 5 fois plus productives que les bornes en espace privé.

    Le centre de Pantin réunit aujourd'hui une équipe de 25 personnes, qui ont été intégrées soit par candidatures spontanées, soit sur propositions de Pôle Emploi, soit envoyées par des associations locales.

    12 camions font chaque jour la tournée des bornes, 5 jours par semaine et pour certaines d'entre elles également les samedis et dimanches. 

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    Les textiles collectés sont acheminés vers Sarcelles, où le tri est actuellement effectué par des sous traitants privés.

    Le centre du Relais de Pantin, qui est situé Avenue Edouard Vaillant, sur un site destiné à être transformé en écoquartier (projet à l'étude depuis 2012) a un projet imminent de création en région Nord Est parisienne d'un centre Relais complet avec collecte, tri et boutique de vente. Ce projet permettra l'embauche immédiate de 30 personnes en emploi solidaire..

    De longue expérience, le projet est assuré d'être rentable car le taux de collecte minimum nécessaire de 15 t par jour est déjà atteint à Pantin et que les possibilités de développement de l'activité restent considérables.

    Le centre de Pantin a désormais une connaissance détaillée du terrain et il a su faire face aux problèmes de pillage et de vandalisme sur les bornes auxquels il a été confronté (problème très parisien) en adaptant ses bornes. Il dispose des moyens et de l'organisation pour envisager une nouvelle extension de ses activités.

     

    Perspectives de développement

    Action Barbès s'est intéressée plus particulièrement à comprendre ces perspectives de développement, à comprendre le rôle et la responsabilité des acteurs locaux, et à attirer l'attention de ses adhérents sur les éléments de succès d'un tel projet.

    La collecte organisée des textiles à Paris est encore récente et se développe fortement.. C'est ainsi que la signature de la dernière convention signée avec la Ville de Paris en 2012 a permis un véritable essor de plus de 50%. Et que le taux de collecte a continué de progresser de 10 % ces dernières années.

    On estime à ce jour que, dans toute la France, seulement 170 000 tonnes de textiles sont récupérées sur les 700 000 tonnes qui seraient jetées chaque année par la population . Notons avec satisfaction qu'à Paris le taux de récupération a bien progressé puisque le taux déchet serait passé de 16 kg à 9 kg par personne en moyenne depuis 2009 grâce à l'action du Relais et des autres acteurs nationaux.

    Si les Relais à Paris et en région parisienne comptent à ce jour plus d'une centaine de bornes en espace public, nous sommes forcés de constater que cette implantation reste faible en rapport à la collecte potentielle restante. Le Relais constate en effet lui-même qu'à ce jour une borne dessert à Paris en moyenne 10 000 habitants, avec de fortes variations entre les arrondissements. Que, selon son analyse du terrain, le taux idéal serait d'une borne pour 2000 habitants pour assurer un ramassage optimum.
    Dans le cadre de la nouvelle convention que le centre de Pantin vient de signer pour les 3 prochaines années avec la Ville de Paris, le centre s'est donné un objectif d'implantation d'une borne pour 5000 habitants. L'atteinte de cet objectif permettrait quasiment de doubler la collecte actuelle, soit 3000 tonnes supplémentaires, de créer 20 emplois supplémentaires au Relais en région parisienne, et ferait économiser 750 000 euros à la ville de Paris qui aujourd'hui doit ramasser ces textiles et les incinérer dans ses centres de traitement des déchets urbains (coût par tonne : 250 E)


    Si l'on observe les arrondissements chers à Action Barbès, l'on constate que actuellement 7 points d'apport sont installés dans le 9e arrondissement, contre 12 dans le 10e et 18 dans le 18e.
    Ce taux d'implantation est certes supérieur à quelques autres arrondissements qui se distinguent particulièrement par leur faible implantation (exemple le 11e arrondissement avec 2 points d'apport et le 13e avec 5 points d'apport).
    La Mairie de Paris, qui soutient le projet du Relais, est donc incitée à faire pression sur les mairies d'arrondissement pour qu'elles s'impliquent plus dans une politique d'implantation plus étendue des bornes.
    Le Relais est aussi persuadé que, dans nos arrondissements proches de Barbès, la collecte pourrait être doublée en doublant la capacité de ramassage des bornes. Il a développé une cartographie avec des propositions d'implantations nouvelles. Action Barbès, qui soutient cette stratégie, s'adressera aux Mairies des arrondissements pour s'informer sur leurs intentions en la matière et les encourager à poursuivre leurs efforts dans ce sens.
    Cet article est le premier pas d'une telle démarche qui doit solliciter les élus à prendre des engagements dans ce sens.


    Une affaire à suivre à la rentrée de septembre et d’ici là, pour en savoir plus, voir le site du Relais.

     

  • ZSP élargie : bilan à six mois

    La cellule d’écoute de la ZSP élargie s'est réunie fin juin après six mois de mise en place du dispositif. La précédente réunion s'était tenue au mois de mai (voir notre article du 23 mai).  Du côté des institutions, les chefs de district, les DPSP (Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection) des 18e et 10e arrondissements, les élus d’arrondissement en charge de la sécurité ont tous répondu présent pour répondre à la dizaine d’associations et collectifs d’habitants habituels.

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    Action Barbès a contribué à ce point d’étape, selon une formule désormais consolidée : un retour sur l’action des forces de police et de la DPSP, suivi par une prise de parole des représentants associatifs pour exposer les problématiques spécifiques à chaque secteur, afin de permettre une adaptation et un meilleur ciblage des actions des services mobilisés.

    Les sauvettes

    Conviée pour la première fois, la Brigade des réseaux ferrés (BRF) a donné  un aperçu sur l’organisation de son service et sur les résultats des opérations menées à la Gare du Nord, où les sauvettes ont pratiquement disparu. La présence systématique de la BRF pendant les jours de marché aux stations Barbès-Rochechouart et La Chapelle a contribué à la diminution des nuisances. Cette action dissuasive est complétée par un travail de fond sur les infractions les plus courantes (vols à la tire, trafic de drogue et sauvettes), opéré par une cellule spécifique en civil, moins visible mais très efficace, comme le montre l’augmentation du nombre d’interpellations.

    Les associations du secteur de La Chapelle n'ont pas manqué de réagir sur la concentration des sauvettes place de La Chapelle, sur le pont de Jessaint et dans le couloir souterrain reliant la station La Chapelle à la Gare du Nord. Le représentant de la BRF a volontiers admis que le travail par secteurs, postulat de la ZSP, est une exception à la stratégie de réseau appliquée par sa brigade et n’a pas forcément de résultats probants. Le risque est effectivement de déplacer le problème là où il y a moins de pression, et il est donc nécessaire d’assurer une coordination avec l'ensemble des personnels afin d’éviter les phénomènes de report entre la rue, la gare et le métro.

    Interpellé sur la fermeture de la sortie rue Guy Patin à la station Barbès-Rochechouart, vivement contestée par les riverains, le représentant de  la BFR a précisé que cette décision, si elle arrange la RATP, n’a pas d’effets positifs sur les trafics, bien au contraire. En effet, la fermeture de la sortie empêche de fluidifier la circulation et cristallise les sauvettes aux alentours de la station. Pour le commissaire Jacques Rigon, cette position fait désormais consensus parmi les institutions, et il sera difficile pour la RATP de ne pas en tenir compte lors de la réunion prévue le 11 juillet avec les forces de police et les représentants des équipes municipales.

    La situation des mineurs non accompagnés

    Jacques Rigon a annoncé un changement d’échelle dans la coopération avec le Maroc : une "task force" de huit agents marocains travaille désormais dans le secteur de la Goutte d’Or pour tenter d'apporter une solution pérenne. Cette équipe pluridisciplinaire, composée de forces de police, agents des Ministères de la Famille et de la Jeunesse, mène une enquête approfondie pour retrouver les familles, qui pourront demander le rapprochement avec les membres du foyer et permettre aux autorités françaises d’organiser le rapatriement.
    Les associations ont partagé le constat d’une présence moins forte de ce groupe depuis quelques semaines, reflux qui reste difficile à expliquer. Un commissaire du 18e arrondissement, a avancé deux hypothèses: le travail d’enquête de l'équipe marocaine, dont les membres ont pu s’entretenir avec certains mineurs lors des interpellations, et les contrôles ciblés sur les commerces du secteur, pour vérifier la présence de points de recel. Cette opération a permis d’interpeller un commerçant peu scrupuleux et de saisir ainsi son stock de marchandises volées. De quoi perturber les trafics...

    Le marché du ramadan sous le viaduc aérien : quel bilan ?

    Pour les autorités, c'est un succès encourageant ; la mobilisation quotidienne des forces de police a permis d'assurer des échanges calmes et apaisés, grâce à l’absence de sauvettes et de ventes en dehors des produits traditionnels, sans débordements majeurs. Le collectif de riverains Lariboisière-Gare du Nord a, par contre, émis des réserves quant à la légitimité d’une telle mobilisation de forces de police pour une fête religieuse. Sarah Proust, adjointe au maire du 18e en charge de la prévention et de la tranquillité publique, a alors rappelé que la vente de denrées alimentaires pendant le mois du ramadan a plutôt un caractère traditionnel et culturel. "Sans compter que les enjeux de sécurité et d’ordre public justifient largement l’encadrement de la part des effectifs de police" a t-elle conclu.
    L'association des commerçants a félicité l'initiative, mais a insisté sur la fracture que cette « zone de tolérance » crée avec les commerces du secteur, soumis à des contraintes réglementaires et judiciaires bien plus importantes. Sa représentante a avancé une proposition intéressante :
    institutionnaliser le marché pour les années à venir, avec une organisation et une communication en amont de la part des mairies d’arrondissement, pour éviter les disparités avec les commerçants. Une suggestion qui a semblé faire consensus. Action Barbès avait déjà évoqué l'an passé cette idée et donc la soutiendra pour l'an prochain. Il faudra cependant qu'un dispositif adéquat de nettoiement de l'espace plus efficace soit mis en place par la mairie, chaque soir. En effet, cette année, les agents de la propreté intervenaient le lendemain en début de matinée.

    Du côté des associations

    Pour nos lecteurs qui s'intéressent aux articles sur le suivi de la salle de consommation, ils ne seront pas étonnés de retrouver des avis divergents sur la situation aux abords de la Scmr. Ainsi, le collectif des riverains Lariboisière-Gare du Nord a dressé un bilan inquiétant et anxiogène sur le secteur, pointant une augmentation des agressions verbales et des menaces personnelles vis-à-vis des membres les plus visibles du collectif. Le témoignage du collectif des parents d’élèves Scmr 75 a permis d’apporter un éclairage différent. "La situation n'est pas si apocalyptique, et on note une forte amélioration dans les halls d’immeuble que les usagers avaient l’habitude d’investir et de squatter" a précisé un représentant.
    Dans le secteur Barbès-Myrha-Château Rouge, l'arrêté d'interdiction de consommation et de vente d'alcool n'est toujours pas respecté. Une situation particulièrement dégradée rue de Panama, où des salons de coiffure se livreraient à la vente de boissons alcoolisées, occasionnant débordements et incivilités aux alentours de la placette Suez-Panama.
    L'association Vie Dejean a aussi déploré le retour des ventes à la sauvette le soir sur le secteur Château Rouge, période où la pression policière était moins forte et concentrée sur le marché du ramadan. L'amélioration reste donc fragile et les actions seront à poursuivre.

    Du côté de la place de La Chapelle, après plusieurs semaines difficiles, un vent d'espoir semble souffler... Ainsi, les associations ont constaté une présence systématique des agents de police et le renforcement des verbalisations de la part de la DPSP. La Fête de la musique, le 21 juin, a été l’occasion de restituer la place de La Chapelle aux riverains, dans une ambiance conviviale et apaisée que le quartier n’avait pas connue depuis des mois.
    Des améliorations tangibles aussi dans le secteur Pajol, grâce à des opérations spécifiques contre les rodéos de scooters sur l’Esplanade Nathalie-Sarraute et des verbalisations systématiques sur la rue Marx-Dormoy, et dans le secteur Marcadet, malgré la recrudescence des sauvettes, où la politique de tolérance zéro vis-à-vis des restaurants à l’occasion de la Fête de la musique a été particulièrement appréciée par les habitants.
    Le commissaire Jacques Rigon a conclu la réunion à 21h (!) faisant part de sa satisfaction sur le fonctionnement de la cellule d’écoute et sur une petite victoire remportée par son équipe : le périmètre de la ZSP élargie bénéficiera dès septembre 2018 du nouveau dispositif des « quartiers de reconquête républicaine », avec un étoffement des effectifs de police actifs dans le secteur. Rendez-vous à la rentrée pour plus de détails sur ce nouveau dispositif.

  • Drogues, propreté, réduction des risques

    Deux rendez-vous importants étaient organisés cette semaine dans le Nord du 10e, deux visites de terrain dont l’unique sujet était la propreté et la réduction des risques liés à la consommation de drogues sur la voie publique - scènes en plein air - risques aussi bien pour les riverains que pour les toxicomanes.

    Le premier rendez-vous était lundi 19 mai au matin pour une marche exploratoire permettant de constater une situation qui a, semble-t-il, tendance à se dégrader. Nous vous en faisons un rapport complet tant les informations recueillies sont importantes et vous donneront, mieux que des commentaires, une assez bonne idée de ce qui se passe.

    Visite propreté réduction des risques dans le 10e et le 18e - 19 mai 2014

    Le point de rencontre était devant le parvis de l'église Saint-Vincent de Paul à 9h. Il y avait environ 25 personnes dont des membres de l’association Coordination Toxicomanie qui organisait la marche exploratoire, des membres de l’association GAIA, des membres de la Mission métropolitaine de Prévention des conduites à risques (ex-mission Toxicomanie de la Ville de Paris), des membres de la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) du 18e, notamment les chefs de zone Goutte d’Or et La Chapelle, et du 9e-10e, des agents du SMASH, des membres de la Direction de la Prévention et de la Protection (DPP), l’association SAFE qui est le gestionnaire des distributeurs automatiques de kits santé pour les toxicomanes et bien sûr des élus des 10e et 18e arrondissements.

    Premier arrêt devant la sanisette de la rue Ambroise Paré. Nous attendait un responsable de la société JCDecaux avec deux agents qui oeuvrent sur place dans le quartier.
    La zone regroupe 14 sanisettes, celle de la rue Ambroise-Paré est au sommet du podium pour le nombre de seringues retrouvées, soit dans la sanisette même, soit dans les réceptacles de la partie technique à l'arrière. C'est après le week end qu'on en retrouve le plus. La moyenne jour s'établit autour de 70 !

    JCDecaux verse une prime à ses agents qui travaillent sur cette zone, ils y restent environ un an, pas plus, et ensuite sont envoyés dans le 15e en général. Ils bénéficient d'une formation ad hoc pour le ramassage des seringues et ont un point de rappel des conduites à tenir tous les 15 jours. Il y a aussi passation des consignes d'un agent à l'autre lors des changements de zone.

    Le groupe a emprunté ensuite la rue Guy Patin : Coordination Toxicomanie a expliqué que la rue était aussi touchée par les seringues usagées mais de façon plus aléatoire. Néanmoins, les agents de la Propreté doivent redoubler de vigilance pour les débusquer notamment à cause de toutes les emprises de l'hôpital, les grilles anti-intrusion, qui rendent la tâche difficile..

    Deuxième halte sous le viaduc au milieu du terre-plein central. On est dans le 18e. Il y là aussi une sanisette qui est en train d'être nettoyée mais l'agent n’est pas au courant de la visite et ne comprend pas cette attention particulière de tous ces gens derrière lui ! La DPE décrit les problèmes que rencontrent ces agents, le marché, l'après-marché, l'occupation par la population du quartier qui a l'habitude de vivre à l'extérieur « plus qu’ailleurs »  (sic), l'occupation par les voitures, surtout le dimanche. A la remarque d’Action Barbès que les grilles sont rarement fermées, la DPE  répond qu'elle sont régulièrement forcées — on évoque aussi les marchés à la sauvette et les distributions de soupe populaire. Tout cela complique la tâche des agents et ne contribue pas à la propreté.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoTroisième arrêt, l'automate de kits de seringues stériles situé le long du mur de l’hôpital boulevard de La Chapelle. SAFE raconte son histoire, et celle de celui implanté rue de Maubeuge, leurs scores : 10 000 seringues distribuées par semaine, un kit contenant 2 seringues stériles. Depuis janvier il y a eu 30 jours de rupture d'approvisionnement des distributeurs ce qui signifie que la fourniture ne comble plus la demande, et qu'un usager qui ne trouve pas de kit là, en soirée ou dans la nuit, va avoir du mal à en trouver ailleurs. Il y a alors une nette augmentation du risque. 

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoLe groupe a ensuite pris la rue de Maubeuge. A l'angle se trouve un bâtiment de la SNCF avec de nombreux recoins qui lui appartiennent et qu'elle ne nettoie pas régulièrement. Comme c'est privatif, le balayeur Ville de Paris qui passe ne pousse pas son balai... Toutes les grilles installées pour empêcher les gens de dormir là sont occupées par des bacs à plantes, truffées de cochonneries aussi. Ce manque d'entretien ne contribue pas à donner un aspect soigné de cette rue, même si par ailleurs les agents de la DPE 10e nettoient bien. C'est la limite de la coopération. Interrogée afin de savoir pourquoi la Ville ne nettoie pas tous ces recoins, directement, et ne facture-t-elle pas sa prestation à la SNCF, une élue du 10e répond que les propriétaires des lieux — la SNCF — sont responsables de leur entretien. Des rencontres régulières devront être mises à profit pour rappeler à la SNCF ses obligations. 

    La SNCF a fait une demande à GAIA pour que le bus et l'automate de la rue de Maubeuge soient déplacés, un peu plus loin. L’argument avancé est qu’ils se trouvent sur le chemin de nombreux clients de la SNCF qui circulent entre la gare et la consigne, et qu’il y aurait eu des agressions, ce serait anxiogène. Mais en fait, personne n'a eu d'échos de quelconques agressions sur des voyageurs. La police du 10e soutient cette demande. L'Hôpital, interrogé par nos soins, reste vigilant sur le lieu choisi ou probable, et pour tout dire, circonspect. 

    Quatrième halte, toujours sous le viaduc au carrefour Tombouctou, près de la station Vélib’. C'est le SMASH (Service Municipal d’Actions de Salubrité et d’Hygiène) et la DPE 18e Chapelle qui brossent le tableau. Les points de concentration des seringues sont dans le square de Jessaint, autour et derrière les palissades du terre plein central au-dessus des voies, sans qu'on sache vraiment si elles sont jetées par dessus ou si les usagers s'injectent derrière. Le point de vue évolue en fonction des observations de GAIA et de la DPE-SMASH. D'autres nuisances sont décrites, les points urine, comme le 28 place de La Chapelle, malgré une sanisette sur la place. Coordination Toxicomanie cherche à favoriser des actions spécifiques, avec les habitants, hors conseil de quartier, grâce à l'énergie de quelques uns d'entre eux. La présence de rats  est confirmée, malgré les dispositifs imaginés par le SMASH. Les agents de la déchèterie continuent à s'en plaindre. Le SMASH dénonce aussi la distribution de pain sur la passerelle.  Le square a été fermé plusieurs fois. Coordination Toxicomanie précise que les habitués du quartier ne sont pas tous usagers de drogue, notamment les gens qui se réunissent dans le square ou autour des grilles. Mais ils sont souvent "pisseurs". La DPE Chapelle précise que les agents ne sont pas gâtés à certains endroits et que s'ils comprennent que les SDF sont des très précaires, il n'est pas facile de nettoyer urine et excréments en permanence, c'est la cas sous le viaduc à la sortie du carrefour Tombouctou.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoDernière halte, l'espace derrière la gare où se trouve la fresque London Olympiques. La peinture se fane un peu, quelques écritures dessus, là aussi il faudrait un peu d'entretien de la part de la SNCF. Un point positif, le récupérateur de seringues fait bien son office, et les électriciens de la gare qui faisaient usage de leur droit de retrait régulièrement, parce qu'ils ont leur local tout proche, ne le font plus. Néanmoins on retrouve entre l'arrière des murs peints en fresque et la façade de la gare de nombreuses seringues. Un lavage venait d'être fait, le jet avait repoussé les seringues sous les fenêtres dans un espace protégé par les fameuses grilles, on en comptait une bonne trentaine. Présence aussi d'un homme d'âge moyen, SDF, dormant dans le coin : contacté, il dit qu'il "fait le ménage" et jette les seringues là (sans protection !), il écrit en lettres capitales sur les murs peints de la fresque des demandes bien senties pour que les toxicomanes ne laissent par leurs cochonneries dans le coin (il utilise un autre terme !). Cet espace entre façade de la gare et muret peint est devenu le seul endroit un peu en retrait où l'usager peut pratiquer son injection, caché des rondes de police. Ca peut prendre entre 2-3 minutes et 20 minutes quand la veine est peu apparente ou abîmée par les nombreuses injections.

    A la fin de cet itinéraire, alors que nous étions moins nombreux, une discussion moins officielle a permis de comprendre que la Brigade Spécialisée de terrain (BST) n’était pas composée de gentils policiers compréhensifs et bien formés au contact avec le monde de la toxicomanie. Ils ont des consignes afin de sanctuariser l'espace derrière la gare. L'atmosphère s'en ressent côté usagers de drogues. 

    A plusieurs reprises, l'ensemble des participants s'est déclaré très favorable à l'ouverture de la SCMR.

    Stands d’information de la mairie de Paris

    Après la marche exploratoire de lundi matin, Coordination Toxicomanie et la DPE, en association pour la 3e année consécutive, ont installé deux stands d’information mercredi 21 et vendredi 23, l’un à la sortie Guy-Patin de la station Barbès-Rochechouart et l’autre rue Ambroise-Paré devant l’hôpital Lariboisière, angle rue Saint-Vincent de Paul.

    paris,scmr,prévention,réduction-des-risques,salle-de-consommation,salle-de-consoL’idée est de diffuser de l’information aux riverains pour mieux les sensibiliser aux problèmes du quartier, notamment en ce qui concerne la présence des toxicomanes et les risques liés à la présence des seringues usagées. Mais l'idée est aussi de montrer aux usagers de drogue eux-mêmes quels sont les bons comportements à adopter pour ne pas mettre en danger les autres habitants  via les seringues abandonnées. 

    Un court questionnaire pouvait être rempli afin de voir quelle perception les riverains ou passants ont de ces questions et beaucoup de documentations étaient mises à disposition.